Lorsque nous sommes arrivés à Jerup, toute petite ville au nord du Danemark, j'ai bien cru que mes hypothèses caniculaires s'étaient déroulées bien au delà de tout ce que j'avais pu imaginer, et que l'hécatombe du peuple danois avait atteint non seulement les sportifs, mais ce avant même la course, et tous les organisateurs avec. Car à Jerup, une heure et demie avant la course, personne. On tourne, on emprunte des rues étroites, d'autres plus larges, rien sinon des grands-mères à toutou. Quand on leur pose la question, aucune n'a entendu parlé de course à pied ici. Idem pour les rares commerçants de la ville, et même le panneau des informations communales n'indique aucun événement sportif pour tout l'été.
Mais internet est là.
Et Anne, penchée sur l'écran de son téléphone, parvient à trouver le nom d'une route que l'on nous indique quelque part entre la forêt et la plage. Nous allons. Pas le moindre fléchage n'indique l'endroit. Mais on trouve soudain en travers d'une aire caillouteuse une grande banderole pour signifier un départ et une arrivée. Quelques personnes sont là. Lorsque je vais chercher mon dossard. On me dit que nous sommes soixante-dix inscrits. On me donne le numéro 103.
De là, échauffement léger, et bisous à tous mes supporters qui ont fabriqué pancartes et drapeaux français. Le départ, initialement prévu à dix heures, a finalement lieu à dix heures et demie. Et c'est parti ! Youpi ! Avec sur le plan de course près de deux kilomètres à courir sur le bord de la mer Baltique. Le rêve ! Sauf que le fléchage, ici encore, est très sommaire. Et nous sommes plusieurs à prendre un mauvais chemin. Point de Baltique pour nous, mais des champs de céréales à perte de vue. Des dix kilomètres que nous devions faire, nous terminons avec près de quatorze bornes dans les pattes, ce qui me vaut l'honneur d'arriver sur la ligne en même temps qu'une toute petite grand-mère largement septuagénaire.
Bon. L'organisateur a pris un air désolé. J'ai eu droit à un tee-shirt et deux bananes englouties d'une seule bouchée en même temps que trois litres d'eau bien fraîche. Mes supporters m'ont fait tout un tas de bisous. Ils sont formidables en toute circonstance.
... Ah ! Et au fait ! Bonne fête Anne !
